mercredi 24 juillet 2013

Les 12 leçons de Steve Jobs

Guy Kawasaki est l'un de ceux qui ont eu la chance de travailler avec Steve Jobs. Ça pose un bonhomme !

Lors d'une conférence TEDx, la TEDxUCSD (université de Californie à San Diego) qui a eu lieu le 11 mai 2013 , il nous présente les leçons qu'il a appris de Steve Jobs, en anglais :


Cette conférence reprend le billet que l'on peut trouver sur son blog dont voici la traduction :

Beaucoup de personne nous ont énuméré les leçons de Steve Jobs, mais peu ont réellement travaillé avec lui. Je ne veux pas que ces leçons soient perdues ou oubliées, voici donc ma liste des 12 leçons que j'ai apprises de Steve Jobs.

1. Les experts sont inutiles

Les experts : journalistes, analystes, consultants, banquiers et gourous ne savent rien faire, donc ils conseillent. Ils sont capables de vous dire ce qui ne va pas avec votre produit, mais ils sont incapables d'en fabriquer un. Ils peuvent vous dire comment vendre quelque chose alors qu'ils n'ont rien à vendre. Ils peuvent vous dire comment créer de supers équipes alors qu'ils sont chef d'une unique secrétaire. Par exemple, les experts nous ont dit que les deux principales lacunes de Macintosh durant le milieu des années 80 étaient l'incompatibilité de l'imprimante à marguerite et Lotus 1-2-3. Un autre conseil des experts était d'acheter Compaq. Entendez ce que disent les experts, mais ne les écoutez pas toujours.

2. Les utilisateurs ne savent pas vous dire ce qu'ils veulent

L'expression `étude de marché Apple` est un oxymore. Le groupe de discussion chez Apple, c'était le cerveau droit de Steve Jobs parlant au gauche. Si vous demandez aux utilisateurs ce qu'ils veulent, ils vous répondront `mieux, plus rapide, moins cher`. C'est à dire la même chose mais en mieux, surtout pas de changement révolutionnaire. Ils peuvent seulement décrire leurs désirs dans des termes qu'ils connaissent. Pendant l'introduction de Macintosh, les gens voulaient une machine MS-DOS mieux, plus rapide et moins cher. La poule aux œufs d'or des start-ups, c'est de créer des produits que vous voulez utiliser. C'est ce que Steve et Woz ont fait.

3. Franchissez les paliers

Pêche aux glaçons au XIXe siècle
Ce n'est pas en recréant la même chose en mieux que l'on avance significativement. Les meilleures sociétés d'imprimante à marguerites créaient de nouvelles polices, dans de nouvelles tailles. Apple a franchi un palier en créant l'imprimante laser. Pensez au pêcheur de glaces, aux usines de glaces, et aux compagnies de congélateurs. Glaçon 1.0, Glaçon 2.0 et Glaçon 3.0. Etes vous toujours en train de pécher de la glace en hiver sur un lac gelé ?

4. Un plus gros défi entraîne un meilleur travail

Je vivais dans l'angoisse que Steve me dise que j'étais ou que mon travail était médiocre. En public. Cette peur était un grand défi. La compétition avec IBM et Microsoft était un grand défi. Changer le monde était un grand défi. De tout temps, les employés d'Apple et moi-même avons produit le meilleur travail possible parce que nous avions le devoir de le faire pour relever ces grands défis.

5. Le design ça compte

Steve rendait fous les gens avec ces demandes. Certaines nuances de noirs n'étaient pas assez noirs. Le commun des mortels pense qu'un noir est un noir, et qu'une corbeille est une corbeille. Steve était un perfectionniste au delà même de l'entendement, mais il avait raison. Certaines personnes font attention au design, peut être pas tout le monde, mais les personnes qui comptent oui.

6. Vous ne pouvez pas vous tromper avec de grands graphiques et des grandes polices

Regardez les diapos de Steve. La police est de taille 60. Généralement il y a une grosse capture d'écran ou un graphique. Regardez les diapos des autres conférenciers techniques, même ceux qui ont vu Steve en action. La police est de taille 8, et il n'y a pas de graphique. Tout le monde s'accorde à dire que Steve était le plus grand présentateur de produit au monde. Pourquoi il n'y a pas plus de personne qui le copie ?

7. Changer d'avis est un signe d'intelligence

Quand Apple a livré le premier iPhone, il n'y avait pas d'applications. Steve a décrété que les applications étaient mauvaises parce qu'on ne savait jamais ce qu'elles allaient faire au téléphone. Six mois ont passé puis, comme une évidence, Steve a décidé, ou quelqu'un l'a convaincu, que les applications étaient l'avenir. Apple a parcouru beaucoup de chemin en très peu de temps, entre `aucune application` à `il y a une application pour ça`.

8. Le prix et la valeur sont deux choses différentes

Honte à vous si vous décidez que tout est basé sur le prix. Encore plus si vous êtes sur un marché ou la concurrence ne se joue que sur le prix. Le prix n'est pas la seule chose qui importe. Ce qui est important, au moins pour quelques personnes, c'est la valeur. Et la valeur prend en compte la formation, le support, et la joie intrinsèque que vous procure l'usage des meilleurs outils qui n'ont jamais été crées. Il est évident que personne n’achète un produit Apple pour son prix.

9. Les meilleurs embauchent les encore meilleurs

En fait, Steve pensait que les meilleurs embauchaient les meilleurs, c'est à dire des gens qui sont aussi bon qu'eux. J'ai affiné légèrement cette théorie. Ma théorie dit : les meilleurs embauchent les encore meilleurs. Cependant, les gens moyens embauchent les gens médiocres, afin de se sentir supérieur à eux. Et les médiocres embauchent les mauvais. Si vous commencez à embaucher des gens moyens, préparez vous à subir ce que Steve appelait `l'explosion des clowns`.

10. Les vrais chefs font les présentations

Steve Jobs pouvait présenter iPod, iPad, iPhone et iMac deux ou trois fois par an devant des millions de gens. Pourquoi tant de PDG font appel à leur directeur technique pour faire une démonstration ? Peut être pour montrer une certaine cohésion d'équipe. Peut être pas. Il est plus probable que le PDG ne comprend pas ce que sa compagnie fabrique pour le présenter suffisamment bien. Plutôt pathétique, non ?

11. Les vrais chefs vendent

Malgré son extrême perfectionnisme, Steve vendait des produits. Peut être que le produit n'était pas parfait à chaque fois, mais il était suffisamment bon. La leçon est que Steve ne chipotait pas pour rien, il avait un but : vendre pour achever la domination des marchés existant, ou pour la création de nouveaux marchés. Apple est une société d'ingénierie, pas de recherche. Vous préférez être qui ? Apple ou Xerox PARC ?

12. Le marketing se résume à fournir des produits originaux qui apportent de la valeur

Imaginez une matrice 2x2. L'axe vertical représente l'originalité de votre produit et l'axe horizontal représente sa valeur. En bas à droite : votre produit ajoute de la valeur, mais n'est pas original, vous allez devoir vous battre sur les prix. En haut à gauche : votre produit est original mais n'apporte aucune valeur, vous serez le seul sur un marché qui n'existe pas. En bas à gauche : votre produit n'est pas original, et n'apporte aucune valeur, vous êtes perdu. En haut à droite : votre produit est original et apporte de la valeur, c'est là où vous faites de la marge, de l'argent, et écrivez l'histoire. Par exemple, l'iPod était complètement nouveau et apportait de la valeur, car c'était le seul moyen de télécharger légalement de la musique bon marché des six principaux labels.

Bonus

Il faut avoir la foi pour voir certaines choses. Quand vous franchissez les paliers, défiez ou ignorez les experts, êtes confronté à d'énormes défis, êtes obsédé par le design et concentré sur l'originalité et la valeur, vous devrez convaincre les gens de croire en ce que vous faites pour voir le fruit de vos efforts récompensé. Les gens avaient besoin de croire en Macintosh pour le voir se réaliser. Idem pour l'iPod, l'iPhone et l'iPad. Tout le monde n'aura pas la foi, mais ce n'est pas grave. Pour commencer à changer le monde, il faut d'abord changer quelques esprits. C'est la plus grande leçon que j'ai apprise de Steve Jobs.

Guy Kawasaki
Guy Kawasaki est un conseiller spécial de la filiale Motorola de Google. C'est aussi l'auteur de APE, What the Plus!, L'art de l'enchantement, et neuf autres livres. Précédemment, il était l'évangéliste en chef d'Apple. Kawasaki a un BA de Stanford, et un MBA de UCLA, ainsi qu'un titre honorifique de docteur du Babson College.